Ce projet utilisera une approche pluridisciplinaire qui couple des ateliers participatifs, des entretiens semi-ouverts avec des producteurs et d’autres acteurs des filières, et une étape de modélisation et d’analyse des cheminements d’agroécologisation des politiques publiques et des services. Les cadres analytiques à mobiliser seront principalement ceux de l’analyse anticipatrice et des démarches d’analyse de la mise en œuvre des politiques publiques.
Le projet AGRIPSAU mobilisera quatre grands outils d’analyse anticipation pour la collecte, l’analyse et l’interprétation des données. Il s’agit du visioning (définition d’un futur souhaitable), de la méthode des trois Horizons (3H), de la Roue du Futur, et du Backasting (fresque du Futur).
L’outil de visioning sera utilisé pour rassembler des parties prenantes pour développer une vision du futur souhaitable en termes d’agroécologisation des politiques et des services d’appui au développement des filières agricoles urbaines. La méthode des trois Horizons (3H) sera utilisée pour connecter la représentation de ce futur souhaitable (vision stratégique définie avec le visioning) avec le présent. La méthode des Trois Horizons sera mobilisée comme modèle conceptuel pour aider les acteurs à réfléchir aux hypothèses actuelles, aux tensions et changements émergents relatifs aux futurs possibles (Quist et Vergragt, 2011 ; PNUD, 2018). La Roue des Futurs (Rdf) également appelée la Roue des Implications (Barker 2011, Glenn, 1972), est une méthode de recherche participative qui utilise un processus structuré de remue-méninges (brainstorming) pour visualiser, analyser et explorer collectivement les conséquences directes et indirectes d’un changement, événement, problème ou encore d’une tendance. Il permettra d’identifier et d’explorer les différents niveaux d’externalités liées à la relative à la réalisation de la vision du futur souhaitable en termes d’agroécologisation.
La Roue du Futur sera mobilisée dans le cadre du projet pour explorer les externalités positives et négatives de l’agroécologisation fournissant ainsi aux des éléments de prise de décision sur les compromis possibles. Le backcasting peut être défini de manière générique comme l’action de “générer un futur souhaitable, et regarder en arrière depuis ce futur vers le présent afin de définir une stratégie et de planifier comment il peut être réalisé” (Quist et Vergragt, 2006). Il permet d’éviter la pratique d’extrapolation du présent vers l’avenir qui est courante dans les prévisions (Robinson,1990). En effet, c’est des « modèles d’anticipation » dans lesquels les idées proviennent de la situation future attendue (feed-forward) plutôt que des attentes (buts/objectifs) fixées dans le passé (feed-back). Elle sera mobilisée pour mettre en évidence les trajectoires d’agroécologisation.
- En plus de outils d’anticipation, AGRIPSAU mobiliser le cadre d’analyse de la mise en œuvre des politiques publiques et, en particulier, des instruments d’action publique (Lascoumes, Le Galès, 2004). La science politique a depuis longtemps montré l’écart entre les décisions prises au niveau national et les résultats obtenus (Pressman, Wildavsky, 1973 ; Hill, Hupe, 2002) ainsi que les « effets pervers » et non anticipés de certaines de ces décisions (voir par ex. Dedieu, 2021). L’analyse de la mise en œuvre d’instruments d’action publique en Afrique est plus récente. De façon générale, elle montre de fortes pratiques de résistance aux instruments (Schlimmer, Provini, 2016) et le rôle déterminant des acteurs « du bas » dans leur non-concrétisation et blocage. Au-delà de ces processus qui limitent la mise en œuvre des instruments dans les territoires, le projet s’intéressera aux cas où les acteurs s’emparent de ces instruments, les diffusent ou les traduisent. Pourquoi certains acteurs s’en emparent-ils ? Comment et pour quels résultats ?